De 1969 à 1980, j’ai pratiqué une peinture abstraite dont le point d’ancrage était, à travers le paysage, l’espace.

Très coloré et, au départ, influencé par les œuvres de Serge Poliakoff et Nicolas de Stael, ce travail, à la suite d’épurations progressives et d’un intérêt croissant pour les problèmes de la perception de l’espace et des propriétés des couleurs, s’est peu à peu transformé.

Il en est résulté des surfaces recouvertes de couches successives de glacis engendrant une apparence monochromatique d’où une vision prolongée et soutenue faisait surgir des rythmes de vibrations colorées, des sensations lumineuses qui réactivaient le champ pictural, créaient la sensation de profondeur. Induisant une réflexion sur la perception visuelle.

Parallèlement à ces travaux, j’ai abordé la technique du dessin en 1974. Employant essentiellement des dégradés réalisés à la mine de plomb, j’étudiais la relation entre l’espace « réel » perçu et l’espace bi-dimensionnel du dessin. Il s’agissait alors de suites d’œuvres de petits formats à travers lesquelles un schéma-composition original subissait une série de variations, de déplacements des plans et des zones dégradées, le tout suivant des paramètres au préalable fixés.

En 1983, une forme symboliste, figurative, une expression plus centrée sur l’existentiel ou la (re)construction de la réalité sont apparues, les sujets de référence pouvant être littéraires -Cosmos de Witold Gombrowicz-, mythologiques ou historiques -Judith, Lucrèce, les pierres de folie-, ou picturales -« La liseuse de romans » d’Antoine Wiertz.

Les œuvres de petits formats sont réalisées au crayon pierre noire sur papier, les grands formats au fusain.

Philippe Dubit