Philippe Dubit dessine au premier étage d’une petite maison sans histoires située à Nivelles. Protégé par le rez-de-chaussée (sous ses pieds) et l’étage (à la place des nuages), il noircit le papier, le noircit encore au point d’y noyer les lumières porteuses de signes, d’appels, de rappel : pierre de folies, cordes nouées, outils tranchants. A l’ombre de cette solitude angoissée, l’homme ricane, prend un autre crayon, entaille encore, viole la feuille, la cuisse, la courbe qui passerait par-là, puis prend peur, perd l’équilibre, se sent vaciller et emporte dans son évanouissement, l’espace même de l’œuvre. Pas à pas, presque bourgeoisement, Dubit se relève. Puis recommence, l’œuvre le suit, le précède parfois et, insensiblement, ouvre des jardins d’enfance, de souvenirs, d’une quête qu’il croyait hier avoir accrochée au portemanteau des entrées. La vie n’est pas un chapeau boule. Même au pays de Magritte. Et Dubit n’a rien d’un surréaliste.

— Guy Gilsoul (A.I.C.A.) —

 

J’aime quand le silence d’un art semble crier
Au meurtre. Il n’y a rien de tel pour nous faire entrer
Dans la violence elliptique du désir, et dans celle,
Brutale, de l’insatiété. Avec Dubit, je suis, forcément,
Dans un ce ces passages étroits du savoir par lesquels
Communiquent entre la grâce prête à bondir,
Et l’épouvante, près de se répandre. C’est là que  
J’écoute le mieux les chants contradictoires
Des tréfonds, d’une vie, d’un homme, d’un destin.

— Marcel Moreau —